Jean-Paul Blot


La Croix d’Aix


poèmes
photographies de l'auteur

128 pages
Prix : 15,00 €
ISBN : 2-85792-151-9


Le Livre

                ... Le tableau est décroché, reste une tache claire
                sur le paysage, un tremblement sur nos visages.
                Et je me penche aujourd'hui sur cet après-midi
                d'un mois de juin de mouches et de taons
                sans rien reconnaître.
 
    Si dans les années cinquante commencent à apparaître de nouvelles machines agricoles ; si on peut entendre depuis près d'un siècle le train s'éloigner vers Périgueux ; et même si parfois passe un avion à réaction qui coupe le ciel en deux, il est, somme toute, peu de différence entre le monde du Vinhal, évoqué par l'auteur grâce à la redécouverte de vieux actes notariés qui pour certains datent du début du XVIIe siècle – et le monde de son enfance et adolescence à Tesquet, hameau de Cuzorn en Lot-et-Garonne.
    Symbole de cette permanence, le château qui se dresse au-dessus du village brouillant les dates : peut-être se demandait-on / qui allait encore surgir, / des Anglais ou des Français. Mais le château n'est plus que ruines... Le tableau est décroché. Ce monde est sur le point de disparaître ; seule l'écriture va permettre de le revisiter quelques décennies plus tard, afin que reprennent chair les visages, enfouis sous le poids des chemins.
      La Croix d'Aix, nom du tènement où se trouvait Tesquet, est après Pigeonniers du silence, le deuxième recueil de Jean-Paul Blot, également traducteur de poésie.


Article de Presse :

    “Ce recueil de poèmes consiste en un cheminement de mémoire, à partir de papiers anciens dormant dans un tiroir et faisant surgir des noms : « Ils murmurent entre les lignes se parlent et se répondent par quittance ou testament par reconnaissance ou contrat interposé, documents que je lisse sous la lampe, que j’ausculte et dépouille, rumeur qui monte et se déploie. » (p. 11)
    Et les poèmes mettent « au jour », mettent « en lumière », cette « rumeur ». Comme tout art de la mémoire, celui-ci fixe le souvenir en des lieux, « les hautes terres du Vignal / avec ses châtaigneraies » (p. 20), « la plaine du Tesquet » (p. 39), et puis « Gavaudun et Salles », « Laurenque et Vauris » (p. 25), « un village » (p. 30).
    Jean-Paul Blot évoque aussi l’histoire, la grande Histoire, et les changements du monde ; il prend le temps d’égrener ses souvenirs en un rythme lent tissé d’échos sonores, d’effets de répétition, qui démontrent l’affleurement progressif de la réminiscence. La forme poétique varie, quatrains ou strophes plus longues, ou bien méditation continue. « La Vigne » (p. 55) constitue une variation sur la forme du sonnet.
    L’ouvrage se ponctue de photos prises par l’auteur pour la plupart, photos d’êtres, photos des lieux qui ont amené cette remémoration, mais les souvenirs doivent être « comme les poissons » (p. 54) puisque « La Croix d’Aix », toponyme qui donne son titre à l’ouvrage, « a disparu des cartes / seul nous reste le nom sur un manuscrit". (p. 115)"
 
                                                                                             Guy Braun
                                                                                       Temporel, N° 1