En 1641 est publiée à Paris une œuvre
théâtrale d’un auteur charentais François
Rempnoux, natif de Chabanais, Les Amours de Colin & Alyson, demeurée depuis lors quasiment inconnue.
Comment s’en étonner lorsque l’on
sait que cette œuvre était en langue occitane ?
Ainsi que l’a dit Édouard Bourciez dans
sa préface aux Poésies d’4rnaud Daubasse : «
Il reste bien plus d’un chapitre de l’histoire
littéraire à écrire. »
C’est le mérite de Christian Bonnet que
d’avoir écrit l’un de ces chapitres. Non seulement
il permet au lecteur d’aujourd’hui de redécouvrir
cette courte pièce pastorale, mais dans une étude
minutieuse, fruit de ses recherches, il nous montre comment cette
« modeste production provinciale » est l’œuvre
d’un lettré dont la modernité consiste en «
une heureuse articulation du triple rapport entretenu avec le
réel, la production littéraire existante – à
savoir le genre pastoral – et le public ». Mais cette
œuvre a aussi une portée historique car il est
démontré dans l’étude de Christian Bonnet
que derrière le décor et la langue du cru apparaît
un théâtre politique qui met en jeu les sentiments de la
noblesse occitane face à la montée de
l’absolutisme. Enfin, la publication de ce texte et de
l’étude qui le suit contribue à donner voix
à l’espace compris entre un Midi, bien identifiable au sud
du Massif Central et mieux exploré depuis 1945 par
l’historiographie littéraire occitane, et les terres du
nord et de l’ouest occitan.