« Je peux me représenter le monde sans bien des
éléments de la nature ; mais pas sans arbres ; le
poète québécois Paul-Marie Lapointe a
décrit une admirable forêt surréaliste où
croissent et se multiplient les arbres dans un vaste poème ; je
m’imagine que dans la forêt des mots, les aphorismes
croissent, se multiplient dans notre âme, sortent un jour avec
leur racine, leur tronc et leur feuillage et nous les portons comme une
vérité pure sur la page blanche du cahier. »
M. A.
Campos
Après la publication des deux anthologies du poète mexicain, Poésie réunie, éd. Écrits des Forges/phi (2004) et Vendredi à Jérusalem, éd. L’Arbre à paroles, 2007, Arbres (cahier d’aphorismes)
permet au lecteur de découvrir l’image intime du
poète qui livre ici ses observations et ses réflexions
sur le comportement humain, le temps qui passe, la nostalgie de
l’enfance et la jeunesse, l’amour, l’amitié,
auxquels se mêlent des souvenirs de voyage et des cartes postales
poétiques.
Article :
Cahier Critique de Poésie (mars 2010)
Dans quelle forêt pénétrons-nous
en ouvrant ce cahier du poète essayiste mexicain qui doit bien
recueillir près d’un demi-millier de pensées,
sentences, arguments propres à frayer des sentiers de questions
sur la vie qui passe, l’enfance et la mort, l’amour, les
voyages et les rêves ? S’ils n’échappent pas
toujours au caractère péremptoire du genre, que ne
dénie pas une forme somme toute classique, ces arbres poussent
de terre comme du tréfonds de l’existence et cela nous
concerne, malgré tout. Arbres aux racines multiples, aux troncs
plus ou moins communs, à la fois très mexicains (la
nature et Dieu et la mort, non toujours sans humour : “La
discrétion des Mexicains n’est qu’apparente.
S’ils ne montrent pas davantage la tête, c’est par
instinct ou parce qu’ils savent qu’on la leur
coupera”) mais universels aussi, irrigués par le
modèle qu’il s’est choisi (La Rochefoucauld) et son
goût poétique (Drummond de Andrade, Baudelaire,
Ungaretti). Quelques oiseaux s’envolent : “Dans les
séparations l’important est le mot ou le signe.”
Claude Favre