«
Si l’on me demandait quel est, de mes livres, celui que je
voudrais sauver d’un incendie, je choisirais celui-ci. »
Mercè
Rodoreda
Voici donc les Villages
d’un pays de Cocagne à l’envers, à tous
égards villages envoûtés, d’inspiration
fantastique. Et voici les Fleurs,
où Mercè Rodoreda se fait la botaniste d’une flore
de fantaisie noire. Ces contes sont des « résumés
absolus de l’œuvre tout entière », comme le
dit Bernard Lesfargues dans sa postface.
Mercè Rodoreda déploie un humour grinçant qui ne
cache rien de moral ou de satirique, mais manifeste, devant les
désastres de son temps et, peut-être, du genre humain, un
désarroi abandonné au sentiment de l’absurde. Son
imaginaire semble osciller, pour la cruauté, entre celui de
Swift, d’Ambrose Bierce et d’Edgar Poe et, pour le macabre,
celui de Goya et du graveur mexicain Posada. Il est servi, et ses
désillusions rachetées, par un sens personnel des mots
qui explique le pouvoir émerveillant de ces contes de sorcière plutôt que de fée.