Editions fédérop

"Vous sentez dans l’air un puissant parfum végétal, concentré, aromatique. Vous croyez entendre un air de violon. Vous commencez à vous perdre dans les ruelles tortueuses. Vous vous attendrissez sur les formes rondes des maisons et des églises, sur la maraude des chats que vous rencontrez avant les habitants. Il y a là quelque chose d’indéfinissable, la transparence de l’air, l’intelligence d'un lieu. Vous êtes pris. Yeux et pieds et mains et corps tout entier dans le bleu."

Au gré des saisons et des années, une voyageuse nous confie les images et les souvenirs liés à ses nombreux séjours dans les îles grecques. Scènes de village et moments contemplatifs se succèdent, émotion et malice se mélangent, et quelquefois même, dans l’éclatante lumière de l’Égée, l’étrangeté vient nous surprendre. Au travers de textes brefs, de nouvelles, de haïkus, se dessine une Grèce modeste, profonde, souvent mystérieuse, toujours vivante et attachante, entre un prestigieux passé et un incertain présent.

Écrivain-voyageur, poète et romancière, Chantal Detcherry nous entraîne avec elle dans ses pérégrinations, de livre en livre : après l’Inde, le Sahara et le Népal, c’est aujourd’hui vers les îles grecques qu’elle nous conduits, nous dévoilant leurs territoires secrets.

Article :

« Voyage dans le bleu. Rêver dans les îles grecques ». S’agit-il d’un titre et d’un sous-titre ? D’un double titre ? La réponse importe peu. […] Le voyage tel que le pratique depuis plus de trente ans Chantal Detcherry, est un rêve mis en mouvement, et le rêve, un voyage qui se spiritualise. Celle qui a parcouru au long des années le Sahara, l’Inde, le Népal, la Birmanie, revient encore et toujours à ces îles où aborda un jour d’été, vers la fin des années 70, une étudiante éblouie. « Je serrais contre moi L’été grec de Jacques Lacarrière : nous étions tous, à cette époque, les enfants de ce livre. »

Celui de Chantal Detcherry, plus d’un lecteur, d’une lectrice, aura sans doute la même impulsion à le serrer contre soi, sensible à la double histoire d’amour, double en même temps qu’unique, de l’auteur avec les îles et avec le Bien-aimé perdu. […]

Lectrice de Bosco, Chantal Detcherry est infiniment sensible, […] à tout ce qui est du domaine du songe, du présage, du sortilège. À ces mystères que Giono, pour sa part, voyait dissimulés dans la grande lumière. Peu d’allusions, dans ces pages, aux problèmes du temps présent, mais une approche quasi médiumnique, hypnotique, des bêtes, hommes et dieux que l’Esprit des îles aura placés sur son chemin. […]

Les photographies en pleine page, très belles, très subjectives – irons nous jusqu’à dire intériorisées – sont aussi de Chantal Detcherry. Le format de l’ouvrage et sa façon, d’une discrète élégance, n’en font pas le livre qu’on glisse à la dernière minute dans un sac de voyage. Il appartient plutôt à l’imaginaire bagage que le plus casanier des lecteurs, en attendant de le boucler peut-être un jour, garde au cœur.

Nicole Lombard (L’oiseau hennissant, La revue du bon Albert n° 38)
Éditions du Bon Albert 48260 Nasbinals