Vignes du bas pays ou pelouses du Causse, le poète marche dans
son pays et tente d’exprimer l’émotion de
l’instant, la sensation éphémère, le
sentiment qui se trouve trop à l’étroit dans le
cœur et le dilate aux dimensions de l’infini. Le titre nous
en avertit : la marche, condition et image de l’écriture,
est le fil conducteur du recueil. Or toute marche est quête. La
quête poétique de Joan-Pau Creissac est ambitieuse dans
son projet et humble dans sa forme : poésie
énumérative et litanique, pas après pas,
répertoire des choses à portée de main, des
émotions à portée de cœur. Que le
poète se parle à lui-même, qu’il interpelle
les paysages comme s’ils avaient une âme (l’Aigoual,
le Rhône) ou invoque en demi-confidence
d’évanescents destinataires, le poème est un
fragment de monologue intérieur au tu omniprésent.
Après Correspondéncias, paru voici plus de vingt ans aux mêmes éditions, Per camins
est lui aussi un inventaire du monde, mais teinté cette fois-ci
de mélancolie, d’inquiétude et de doute, comme si
« le lieu de culture et de poésie » auquel aspire le
poète était ressenti comme définitivement utopique
:
La terre te parle
les paroles cependant s’éteignent.
Nous restera-t-il seulement la mémoire ?
Jean-Claude Forêt
Article :
Extrait de l'article publié dans le numéro 102-103 de la revue Oc :
[…] La
paraula, per Creissac, es consciéncia e mai que mai
matèria posada au passatge perpetuau que representa la vida, en
confrontacion ambé lei païsatges trevats e leis
èstres rescontrats, aimats ò pas qu'’trevists.
[…]
L’imatge dei camins es pas dins aqueu libre solament un imatge :
la realitat de la vida coma vai s’i confond ambé la
dinamica dau poèma, dins un movement d'’mpatia ont lo
legeire se sentís eu tanben present, e pertocat de fons a cima
per una votz qu’a leu fach de venir sieuna. Una votz d’una
accessibilitat totala, a l’auçada de l’umana
condicion.
Felip Gardy