"L’Uiard
(mot occitan désignant le bon vieux cyclope de l'Odyssée)
raconte la vie des bergers de la Grau au cours de la première
moitié du XIXe siècle : des hommes qui vivaient presque
en marge des communautés paysan nes, menant une vie très
rude, et qui, pour l'essentiel, n'avaient guère
évolué depuis les Ligures; mais la moder nité
– l'industrialisation, la politique, la langue française
– pénétrait leur monde et en sapait les structures
ancestrales.
Inutile de résumer les
péripéties du roman : c'en est bien un. Et il sera lu
comme tel, comme on lit Jacquou le Croquant ou la Bête du Vaccarès. Mais on peut aussi en faire une tout autre lecture : L’Uiard
est un splendide document eth nographique sur la « pastrille
» en même temps qu'un témoignage sur la Provence
rurale au lendemain des illu sions socialistes de 1848. C'est pourquoi
je ne doute pas que ce livre s'impose comme un des classiques du
domaine méridional.
Et pourquoi n'y aurait-il pas un roman ethnographique comme il y a un roman historique ?"
Bernard Lesfargues