Ralph Waldo Emerson


Les Travaux et les Jours

introduction de Joël Cornuault
traduction de Jean-Paul Blot

136 pages
Prix : 14 €        ISBN : 978-2-85792-198-1

Le Livre

    « De nombreux faits concourent à montrer que nous devons chercher notre salut au-delà de la vapeur, la photographie, les ballons ou l’astronomie. Ces outils ont des propriétés contestables. Ce sont des réactifs. Les machines sont agressives. Le tisserand devient une toile, le machiniste une machine. Si vous n’utilisez pas les outils, ce sont eux qui vous utilisent. Tous les outils sont, en un sens, tranchants et dangereux. Un homme construit une belle maison, il a désormais un maître et du travail pour la vie : il lui faut la meubler, veiller sur elle, la montrer et la maintenir en bon état, pour le restant de ses jours. Un homme jouit d’une certaine réputation, dès lors il n’est plus libre, mais doit s’en accommoder. Tel autre peint un tableau ou écrit un livre, et le succès est la pire chose qui puisse lui arriver. J’ai vu l’autre jour un brave homme, jusque-là aussi libre que le faucon ou le renard du désert, qui fabriquait un cabinet pour y ranger des coquillages, des œufs, des minéraux, et des oiseaux empaillés. Il était facile de voir qu’il prenait plaisir à se forger de jolies chaînes. »
                                                          Ralph W. Emerson
 
     « Les essais de Ralph Waldo Emerson (1803-1882) réunis ici (La vie à la campagne, Les Travaux et les Jours, Agriculture, Brook Farm), datent presque tous du milieu du XIXe siècle, c’est-à-dire de ce “golden day”, dont ils illustrent l’esprit et les projets, ainsi que les inquiétudes dans une société lancée à marche forcée vers les moyens et les instruments au détriment de l’être. Un espace et un temps où Emerson disait : “Nous n’avons pas besoin d’hommes artificiels, qui pour de l’argent peuvent accomplir n’importe quelle prouesse littéraire ou professionnelle. […] Ce qui a été fait de mieux dans le monde – les œuvres de génie – n’a rien co
    […] Il me semble que le lecteur peut quasiment tout ignorer de l’histoire de la société et du sentiment de la nature aux États-Unis, ainsi que du moment où celui-ci se sépare de l’idée européenne de nature, et ne s’en laisser pas moins directement toucher par une voix qui évoque quelques-unes des questions brûlantes de la vie, et qui traversent le temps. »
                                                           Joël Cornuault
   
Article :

                Petit traité
 
    Si le préjugé voulait imaginer que les États-Unis sont un pays dénué de philosophes, outre aujourd'hui John Rawls et sa Théorie de la justice, il faut parmi bien d'autres compter Ralph Waldo Emerson (1803-1882), ce transcendantaliste pour qui l'essence spirituelle de l'être est fondamentale. Cette belle publication des Travaux et les jours (Fédérop, 136 pages, 14 €), tiré d'un ensemble plus vaste, Société et solitude, attire notre attention sur l'harmonie de l'individu et de la nature. Dans une prose intensément lyrique, ce sont cinq petits essais vantant « La vie à la campagne » dans le cadre de ce qu'il faut appeler un romantisme américain. De la nostalgie de l'âge d'or à la communauté utopiste de « Brook Farm », le blâme de la propriété du territoire et de l'argent est l'envers d'un éloge du fermier (« celui qui crée »), du marcheur, des paysages et du climat du Massachussetts : « La marche exerce aussi une influence sur la beauté. » Son éducation « en sciences de la beauté » est à lire dans le cadre de ce que l'on nommera plus tard l'écologie : « Un homme devrait porter la nature dans sa tête ».
                                                Thierry Guinhut
                                                Le Matricule des Anges, n°119, Janvier 2011