Joan-Pèire Tardiu

Les quatre routes / Las quatre rotas



édition bilingue
poèmes traduits de l'occitan par Denis Montebello
72 pages
Prix : 12,00 €
ISBN : 978-2-85792-192-9

Le Livre 

     La poésie de Joan-Pèire Tardiu, telle qu’elle nous est ici révélée, est, au sens corporel du terme, la réaction organique d’un homme traversé par les paysages, par les éléments qu’ils lui donnent à voir au-delà de l’invisible, à entendre au-delà de l’inaudible, à sentir dans l’insaisissable. Mais pour autant, il ne s’agit pas de l’évocation d’une nature miroir ou chambre d’écho, qui lui offrirait une transposition compatissante – ou complaisante – de ses tourments dans ses manifestations ou ses aspects. Qui l’accompagnerait, à l’unisson de ses sentiments. Le monde, ce et ceux qui l’habitent, plus ou moins accessibles d’ailleurs, restent sur leur propre course, avec leur propre langage. S’il fallait inscrire la poésie de Joan-Pèire Tardiu dans un environnement littéraire, il serait à rapprocher de ce courant porté par des auteurs, comme lui d’expression occitane, tels que Marcelle Delpastre, Max Rouquette, Bernard Manciet, ou Philippe Gardy, pour ce rapport très particulier qu’ils ont, chacun à leur façon, avec le cosmos.
                                                                                 Danièle Estèbe-Hoursiangou

Articles :

    “Calciné, broyé, lavé... Nous avons beau être accoutumés à l’expression de Tardiu, à sa manière de plus en plus minérale de rendre compte du sentiment lorsqu’il s’aventure (et son lecteur avec lui) sur les sentes du sens, nous avons beau savoir la scrupulosité de sa langue de création, l’occitan, et son somptueux dénuement... Ce recueil est un choc. Plus de trente ans de création, depuis ses poèmes d’adolescent (Paraulas als quatre vents, en 1972), plus de trente ans de lecture patiente et attentive des plus grands maîtres, de fréquentation de leur présence réelle (celle des livres) ou anecdotique (celle des êtres) Delpastre, Delavouet, Rouquette, les Catalans... le deuil du maître, Manciet, et l’obligation d’assumer la direction du légendaire Oc... l’ont amené à dépouiller son style en offrant ses mots. Ici, c’est presque une œuvre alchimique, la parole est calcinée, broyée, lavée ! Ce recueil-carrefour, Las quatre rotas, rassemble une grosse poignée de poèmes ciselés. Là, sa phrase se fait lacunaire, son expression laisse au lecteur le temps de se poser, de « voir » l’évocation, dans le rythme un peu lancinant, voisin du souffle de l’homme qui court, proche de la pulsation du sang : nous, c’est justement au cœur que nous recevons une parole de vivant, servie par la traduction de Montebello, proche de l’original.”
 
             E   culissián     l’arma
             Un flamb         totjorn luènh
             Amb aquels jorns
                                      De terra trisa
 
            [Ils cueillaient l’âme
            Un éclat toujours lointain
            En ces jours de terre meuble]
                                                                                         Guilhem Joanjòrdi
                                                                                         Lettres d’Aquitaine n°87

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"Les quatre routes de Joan-Pèire Tardiu traversent une zone hors des lieux connus et du temps. Son style est dépouillé avec des mots séparés par de larges espaces qui évoquent des absences. Le rythme du poème, marqué par l’hésitation évoque le rythme cardiaque ou le halètement du coureur. Il parle autant de l’incertitude que de la sensualité de l’homme dans le monde."

                                                                                         Felip Équy
                                                                                         Cahier Critique de Poésie, mars 2011