Dès
sa jeunesse Ezra Pound s’est intéressé à la
poésie des troubadours : il les a étudiés
minutieusement, les a traduits, les a imités. Il les a
cités, les a adaptés. Explorant à pied les pays
des troubadours, il a composé de nombreux poèmes sur ce
qu’il appelait la « Provence ». Il leur a aussi
consacré une étude, Esprit des littératures
romanes. Pour lui :
Toute étude
de la poésie européenne est mal fondée si elle ne
commence pas par une étude de cet art en Provence. (...) Si nous
voulons comprendre cette partie de notre civilisation qu’est
l’art des vers, nous sommes obligés de commencer à
la source, et cette source est médiévale. L’art
poétique de Provence frayait la voie à l’art
poétique de la Toscane ; et de cela Dante porte un
témoignage suffisant dans De Vulgari Eloquentia.
Dans le cadre du XVIème colloque international sur Ezra Pound,
qui s’est tenu à Brantôme en Périgord en
1995, et dont le thème principal était « Ezra Pound
et la France », les spécialistes de Pound et des
troubadours, venus de France, de Grande-Bretagne, des
États-Unis, du Japon – pour ne nommer que quelques-uns des
pays représentés – se sont réunis pour
explorer les rapports entre la démarche poétique de Pound
et la poésie de ses premiers maîtres, les troubadours. Car
Pound, qui fut l’un des grands poètes anglophones de notre
siècle, ressuscita « l’art mort des vers », en
s’inspirant des pratiques poétiques des troubadours.