“Armand Guerra ne se prenait pas pour un écrivain
“de qualité” – c’est son expression,
mais on a le droit, sur ce point, de ne pas le suivre . Ce à
quoi il tenait par dessus tout, c’était témoigner
et “concretarse a la verdad”, autrement dit : s’en
tenir à la stricte vérité. J’y étais,
j’ai vu ce dont je parle, connu celui de qui je parle.
Ainsi trouvera-t-on dans ces pages “des
récits tristes et des récits qui respirent la joie, des
récits tragiques et d’autres qui sont comiques, pero
realistas todos ellos”. Avec Armand Guerra, le lecteur
“parcourra les champs de bataille et les villages de
l’arrière”, lira des pages d’une rare
qualité aussi bien sur l’anonyme héros qu’est
l’homme à la brouette que sur le Campesino – si
connu et si mal connu… Au lecteur, donc, de dévorer ces
pages, et surtout d’apprendre “comment ont
travaillé, comment se sont battus et comment ont su mourir ces
hommes de la Confédération Nationale du Travail”
que d’aucuns croyaient insulter en les traitant
d’anarchistes.
Armand Guerra était un des leurs.
Aujourd’hui, il sort de l’ombre où les vainqueurs
d’une guerre impitoyable croyaient l’avoir enfoui. Hors de
ces ténèbres, nous nous apercevons qu’il est un des
témoins majeurs de ces années amères.”
Bernard Lesfargues