Le Livre

    À la Terre ou au Feu, éléments essentiels de nos vies, nous confions nos corps à l’heure de notre mort – inhumation ou incinération. Agathe, l’héroïne de Chantal Detcherry, relate comment son père et sa mère, morts coup sur coup, ont eu des funérailles opposées.
    La Terre les a liés durant toute leur existence : lui, bûcheron dans les Landes puis ouvrier agricole dans le vignoble bordelais, et sa femme qu’il a rencontrée dans la ferme autrichienne où il était prisonnier pendant la deuxième guerre mondiale. La vie de paysans pauvres qu’ils ont menée, la narratrice la reconnaît avec émotion dans les enluminures des Très Riches Heures du duc de Berry qui en révèlent la secrète poésie.
    Quant au Feu, il a séparé dramatiquement le père – qui entendait grâce à lui purifier le monde –, de sa seconde fille, Lucie. Mais l’Eau intervient à son tour comme l’élément de la vie. Elle réunit les deux sœurs dont les voix se répondent en duo tout au long du récit.

Articles de presse :

    Article paru dans « La Gazette » de l’Association Les Savoirs-Faire d’Aquitaine
décembre 2005-n° 35

 
 
    L’Association « Savoir-Faire d’Aquitaine » vient pour la première fois d’attribuer son Prix littéraire à Chantal Detcherry pour son livre Riches Heures.
 
    "En précisant que son ouvrage est un récit, l’auteur nous invite à accorder une certaine véracité à sa narration tout en nous épargnant les petites ruses d’une encombrante première personne. Si les références autobiographiques sont fort sensibles en leur pleine authenticité, elles ne se développent qu’en résonance avec l’évocation et, pour ainsi dire, la relecture de la si justement fameuse suite de miniatures des Très riches heures du duc de Berry. On se souvient que ces images délicates dont le symbolisme offre à la rêverie des ressources foisonnantes, sous les signes du zodiaque, associent aux saisons les travaux de la terre. Le souvenir d’un père ouvrier agricole et de sa mélancolique épouse noue, au fil des pages, la disparition du couple parental à l’effacement de l’agriculture sous nos yeux trop peu perspicaces. Dans leur particularité poignante, les humbles qui tirèrent du sol la première richesse des hommes, sont enluminés par la profondeur du temps.
    Dans le crépuscule où nous allons d’un pas incertain, Chantal Detcherry nous transmet cet héritage de mémoire sur un ton de sombre et sincère confidence où le lecteur percevra le murmure de la vérité, autant dire la voix tenace et ténue de la poésie."
 
                                                                                             Jacques Abeille
                                    Membre du jury du Prix Littéraire d’Aquitaine 2005



    "Ce beau livre de deuil concentre son attention sur ces personnages que l'on distingue en arrière-fond des enluminures réalisées pour le Duc de Berry et qui n'ont pas droit aux honneurs de la chronique. Issus de la glèbe, ils en sont pourtant le sel malgré la misère de leur condition et c'est eux que Chantal Detcherry poursuit en accumulant ces détails infimes qu'il faut rassembler pour tenter d'en saisir la beauté. Ses "héros" sont de pauvres paysans sans terre, le père fuyant la Lande ravagée par le feu, la mère oubliant ses montagnes autrichiennes nourricières, et pour entendre leurs voix enfouies, il faut apprécier le chant croisé des deux filles qui les ressuscitent, formant avec leurs phrases "des bandelettes qui peu à peu enveloppent leurs corps". De la littérature comme un rituel de sauvegarde."
    
                                                                                        Le Festin, été 2005


    Riches heures est un récit poignant dans lequel Chantal Detcherry raconte, de façon pudique, son enfance et toute la difficulté de devenir à son tour responsable de ses propres parents. Que faire lorsque ceux-ci vieillissent et renversent les rôles au moment de nous quitter? «Il n'est jamais aisé d'écrire autour d'événements personnels. Mais il y a une nécessité intérieure de rédiger au plus près de la douleur et de regarder la souffrance en face, dans les yeux», insiste t-elle. Pour ce professeur de littérature à Bordeaux 3, « II y a une dimension esthétique dans l'écriture, qui rend la forme du récit juste et belle », lui permettant ainsi d'insuffler toute la force narratrice à ses écrits.
    Chantal Detcherry est aussi une grande voyageuse qui ramène de ses multiples périples des ouvrages d'images et de textes. L'Inde et le Sahara ont été ses premières passions, aujourd'hui c'est le Tibet qui a ses faveurs. Ses voyages ont été pour elle l'occasion de rencontrer et d'intéresser une maison d'édition comme Fédérop.
    De cette rencontre amicale et professionnelle est née une collection « Chemins du monde » dans laquelle les deux livres de voyage Dans la main de l'Inde et Saisons de sable ont été publiés.

                                                                L'Aquitaine N°20, juin-juillet 2006