Parole qui pétrit le pain.
Parole habitée de mémoire.
Parole métisse d’une présence
sur la terre et sur les pierres.
Voici ce que je suis :
Une petite flamme sous la manche
du voisin aveugle.
La poésie de Carmen Yáñez
possède l’étrange éclat des petites choses
élémentaires, la luminosité pure des cieux ouverts
sous lesquels elle a vécu, la texture incomparable du pain
qu’offrent les paysans sans penser qu’il s’agit
d’un acte de générosité, car le destin du
pain est d’arriver à la bouche de ceux qui
l’attendent.
C’est pourquoi la poésie de Carmen
Yáñez, qui migre de latitudes australes, lointaines et
malmenées, jusqu’aux terres scandinaves, qui un instant se
pose sur les côtes bretonnes, caribéennes ou asturiennes,
s’arrête sur les hauteurs d’Oran pour, ici comme
ailleurs, offrir à la fois une tendresse et une force
très singulière, celle d’une femme qui, devant
l’abîme, n’a rien perdu de sa tendresse, d’une
femme qui, face aux bourreaux, a recouvert la tendresse de silence,
d’une femme qui a vaincu la haine des tortionnaires de son
peuple, pour faire de ses mots une arme chargée d’ardent
amour et de tendresse farouche.
Célébrée par des poètes
de l’envergure de Pablo Armando Fernández, la
poésie de Carmen Yáñez bâtit la langue des
petites choses, elle nomme les villages oubliés, les herbes
bénignes d’un territoire familier et la bouleversante
amitié des camarades.
La poésie de Carmen Yáñez est pleine de monde.
Luis Sepúlveda
Cet ouvrage est accompagné d’un disque
comprenant les poèmes en espagnol (Chili) lus par Carmen
Yáñez.