Emilia Dvorianova


Passion, ou la mort d'Alissa


roman traduit du bulgare par
Marie Vrinat

264 pages
Prix : 19,00 €
ISBN : 2-85792-162-4

Le Livre

    « … vint alors le temps de l’Érotisme suprême…
Il embrassa Alissa, effleura de ses lèvres les cheveux, l’oreille, en goûta avec la langue l’amertume à peine perceptible, et descendit sur la peau tendre du corps, frontière de la tendresse irréalisable et source de soif éternelle, et dans le temps suspendu, il embrassait le moindre petit poil, le moindre relief, si tendrement qu’il sentit sa chair défaillir, le monde entier défaillit dans l’attente, jusqu’à ce qu’enfin, il entende sa voix. »

    Un meurtre a lieu un Vendredi saint : Alissa est tuée. Arrivé sur les lieux du crime, le juge d’instruction écoute les dépositions des témoins, Yo et Sebastian, ainsi que les aveux complets et spontanés de l’assassin (Yossif). Un procès est ouvert. Tout à coup, un inconnu en uniforme de policier fait irruption dans la maison et donne l’ordre que l’on interrompe l’enquête jusqu’au dimanche de Pâques : n’y aurait-il pas quelque bluff là-dessous, comment peut-on tuer un Vendredi saint, quand les morts ressuscitent le dimanche de Pâques ?…
    Le roman PASSION ou la mort d’Alissa transporte le lecteur dans une atmosphère énigmatique où le criminel se mêle à l’érotique, où le mystérieux se fond dans le réel, où verbe, musique, spirituel et quotidien se croisent et se fuient, interprétant un « Art de la Fugue ».

Article:

    Yo est entrée toute petite au service de cette grande demeure habitée de messieurs et de demoiselles aux moeurs mystérieuses ou dépravées, qui vouent une passion commune pour le piano. Elle est le témoin de phénomènes étranges, tels ces journaux intimes de mademoiselle qui s'adonne au plaisir partout sauf dans sa chambre, la mort de Madame, qui s'était vidée de l'intérieur, ces miroirs qui ne reflètent plus rien, toutes ces horribles poupées que fuit Mademoiselle, ce grand trou dont Monsieur Sebastian nie l'existence, et puis... et puis un Vendredi Saint elle découvre la belle mademoiselle assassinée. Arrive X., un juge d'instruction, ébloui par la beauté de la morte Alissa. Yossif, son amant, avoue aussitôt. Mais X. s'attarde tout le week-end sur les lieux du crime et s'imprègne de son atmosphère...
 
    N'assimilez pas ce roman à la simple lecture de ce résumé comme à un "vulgaire" roman policier : il n'en est absolument rien. J'ai rarement lu roman plus mystérieux, plus hermétique, plus polyphonique, où le Verbe se déroule fantasmagoriquement, où le Sens s'annonce puis se refuse, où l'art de raconter devient un art de la Fugue, où le réel et le surnaturel se répondent... La Vérité, la Réalité, sont vécues successivement et différemment par les personnages. L'espace d'un instant j'ai cru déceler la clé de ces énigmes et, faisant un rapprochement avec les créatures mythologiques de Malpertuis de Jean Ray, je croyais pouvoir élucider ces bizarreries lorsque X. découvre un à un les personnages bibliques, les douze apôtres, en porcelaine, dans le mystérieux coffre. Mais non... Un roman orchestré telle une partition musicale dont chaque vision est chargée d'un sens, une vision forcément parcellaire à laquelle la Vérité échappe, un roman tout à fait déroutant, dont on sort comme d'un songe,  qui peut décourager son lecteur.

                                                                            Carnets de Sel

                                                                            http://essel.over-blog.com/article-2661646-6.html