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Pere Gimferrer
L’Espace désert
poèmes traduits du catalan par
François-Michel Durazzo
édition bilingue
88 pages
Prix : 13 €
ISBN : 978-2-85792-186-8
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Le Livre
… car nous sommes l’autre corps, l’autre perception
dans un temps blanc et vide, dans un espace désert,
nous sommes l’envers, nous sommes ce qui nous verra
de l’autre côté du miroir où
nous voyions
les gestes de l’amour…
Le recueil est composé de 10 poèmes
polymétriques, et constitue une somme unitaire où se
profile l’itinéraire d’un locuteur anonyme qui parle
à la 1ère personne et que toutes ses expériences
conduisent à une autre vision du temps.
Publié à Barcelone en 1977 L’espai desert/ L’Espace désert fut
aussitôt salué par la critique, l’auteur se voyant
décerner le Prix Josep Carner de l’Institut
d’Estudis Catalans et la Lettre d’Or attribuée au
meilleur livre catalan de l’année.
Extraits d’articles :
[…]
“Dix séquences pour creuser encore et encore
ce noyau de chair que nous sommes. Ce presque rien historique dans la
nuée, dans l’épaisseur de la modernité, dans
les ascenseurs, les rues, les musées : « vivant tous dans
le temps de la non-identité ». Et pourtant, Gimferrer
écrit et décrit en alexandrins, en décasyllabes
accompagnés d’un véritable cortège de
structures savantes, cet espace qui n’est plus tout à fait
l’espace dans lequel nous vivons, ni seulement celui du
passé mais l’espace infini de l’Art : «...
jusqu’à ce que je me sente aspiré par le vide / le
non-espace qui m’aspire, les poumons / puissants, et je suis la
respiration, /je suis le souffle ».
Dans le non-espace, dans la chambre obscure,
être le battement du ciel qui se dépouille de toutes les
scories, être cette clarté qui permettrait
d’aperœvoir « le fond du creux de l’être
» que nous sommes dans le reflet du reflet de la page, une fois
posé le point final du récit.”
Jeanine
Baude, revue Europe
***
“Pere Gimferrer, né en
1945, a publié son premier recueil à dix-sept ans. En
castillan. Sous Franco. Depuis 1970, romans, essais – notamment
sur des peintres – accompagnent l’écriture de
poèmes écrits en catalan. L’Espace désert,
lui, date de 1977. Au début, et qui court sur dix poèmes
polymétriques, une voix, de première personne. Une voix
perchée, lyrique, sur la feuille blanche d’un poème
à venir : un espace désert. Dix poèmes d’une
à sept pages, où la parole laisse peu de place au blanc
de la feuille. À peine parlé, tout se noircit. Une suite,
« À l’heure où les corps se rappellent le
destin / qui les possède, l’image d’eaux corrompues
/ et le lit de rivière asséché. » Une voix
qui rappelle l’enfant voyant, l’adolescent désirant,
alors qu’un certain passé pèse sur l’adulte :
« Les années d’abjection, le temps des rapaces et
des chiens de chasse / Poursuivant la Catalogne ». Un recueil
où l’amour physique croise les questions ontologiques,
dans cet « après », enfin, qui est un autre espace
désert.”
Pierre Hild
Cahier critique de poésie, mars 2010
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