« Un jour, j’ai décidé d’aller
encore plus loin dans les démarches rédemptrices dont je
vous ai parlé. Il ne s’agissait plus à
présent de sauver de la mort les personnages les plus fabuleux
de la littérature universelle, mais d’intervenir à
cet instant décisif où leur vie aurait pu basculer vers
un tout autre destin. J’ai entrepris alors un travail beaucoup
plus délicat et passionnant, un travail qui m’obligeait
à trouver d’abord ces imperceptibles failles textuelles
dans lesquelles il me serait possible d’introduire ma plume afin
de transformer un avenir horrible en un horizon prometteur et lumineux
»
C’est à cet audacieux jeu
littéraire que se livre l’un des protagonistes de ce
roman. Les grandes figures de la littérature universelle y
deviennent des personnages de chair et d’os, tandis
qu’à leur tour les êtres apparemment vivants se
transforment peu à peu, sous l’œil du narrateur et
du lecteur, en êtres de fiction. Jesús Carazo nous offre
sur les ressorts de la création littéraire une
réflexion que Borges n’aurait sans doute pas
désavouée. «Nous sommes tous membres de la
communauté, n'est-ce pas ?... Notre travestissement n'a nulle
importance. Ni le travestissement du lieu, ou du temps. »