L’exceptionnelle
opulence, la sensualité raffinée des Sybaritains
étaient devenues proverbiales, quand la cité fut
détruite par les habi tants de Crotone qu’indignaient trop
de cynisme et d’impiété. De Sybaris la fabuleuse on
jalousait les terres à blé, les vignobles
renommés, les oliviers prospères, le commerce florissant.
Le site, une large plaine où coulaient deux fleuves et
qu’entouraient de hautes montagnes domi nant la rade,
était d’une rare majesté.
C’est ce qui détermina Hérodote
d’Halicarnasse, en train de rédi ger son Enquête, a
entrer dans le dessein de Périklès : relever Sybaris de
ses ruines et y faire plus que jamais flamboyer le génie
grec.
Périklès présente
l’entreprise comme une expérience qui n’a jamais eu
de précédent : rassembler à Sybaris, devenue
Thourioï, les repré sentants de toutes les cités
grecques. Mais là-bas, que vont trouver les colons ? Les dieux
leur seront-ils favorables ? Quel accueil vont faire aux arrivants les
rescapés de jadis, ou plutôt leurs descendants, et les
indigènes, toujours hostiles ?
Hérodote s’adjoint des personnages notables,
le célèbre architecte Hippodamos de Milet et le non moins
célèbre Protagoras d’Abdère, chargé
de rédiger une Constitution nouvelle. Innover et exceller sont
les mots-clefs, mais derrière eux se dissimulent toutes les
convoitises habituelles.
L’un des premiers visiteurs de la cité
reconstruite sera un étrange Sicilien, philosophe, poète,
médecin, thaumaturge: Empédoklès. Quels remous
suscite sa venue ? Quelles dissensions entre anciens posses seurs du
sol et nouveaux venus qui rendent inéluctable le massacre ? Et
quel sera le destin de Thourioï, née d’un de ces
actes de foi comme, d’âge en âge, en font tous les
hommes auxquels les dieux adressent leurs signes ambigus ?