La
maison resterait telle que, vide, sans confort et sans meubles, avec
son odeur de sel et de moisi, de poussière et de passé,
avec le délabrement menaçant, avec la rouille et les
fissures. Bref, avec cet arrêt obligatoire sur
l’itinéraire du temps, où tous les deux, sans se
consulter, avaient été débarqués.
Dans une villa posée dans les dunes, face à
l’océan, une femme revient faire le point, vers le milieu
de sa vie. La maison, qui fut celle de son enfance, vétuste et
ventée, menacée par le sable, l’accueille
d’abord comme un refuge. Mais l’élucidation du
passé s’avère plus problématique que
prévu. Un autre personnage, un homme plus jeune, artiste
fringant, lui aussi en quête de lui-même,
pénètrera dans l’univers de cette villa, miroir des
force à l’œuvre alentour : sable, silence et
grondement, espace sur cette frontière du monde. Ensemble, dans
un compagnonnage ardu, délicat à maintenir, ils
accompliront ce voyage immobile vers l’envers
d’eux-mêmes que la villa, véritable
héroïne de l’oeuvre, freinera ou propulsera, selon
son mystère propre.
C’est une phrase calquée sur le rythme
des vagues et des tempêtes, ruptures des dialogues, élan
des descriptions, minutie des investigations intérieures, qui
conduit les personnages vers leurs frontières personnelles,
passage éphémère au milieu de l’incessant
ballet des eaux et des vents. La fluidité, le souffle de
l’écriture permettent seuls cette intrusion dans la
permanence de l’univers, et partant de l’être profond.
Article :
“Catherine Sanchez, qui se partage entre
littérature et danse, relate le retour de Runde dans la maison
de
son enfance en bordure d’océan. Elle souligne avec
subtilité la douleur d’un passé soigneusement
enfoui. Au fil des pages, la délicatesse de l’ouvrage
n’a d’égale que la patience des jours,
traversés, lentement, au rythme d’une chorégraphie
que l’on intitule la vie.”
Marie-Laure Vallée
Lettres et Images d'Aquitaine, N°92