"Depuis
son premier livre, Vida endins (1984), Carles Duarte creuse le
même sillon, imperturbablement, perpétuant le dialogue
entre l’univers le plus élémentaire, le ciel, la
terre, la mer, le soleil et un « jeu » attentif, modeste,
essentiel qui sait que tout se joue dans cette présence au
monde, tendre et généreuse, cette attention à
l’autre à portée de main, de peau, de lèvres
ou d’yeux. Ainsi autour du temps « tissu de pierre »
qui voile la ville et « l’eau du plaisir/qui se consume
», deux lignes mélodiques s’entrecroisent et se
nouent en douleur, en angoisse sans révolte. Pour autant, ce
consentement du poète au monde, à « la blessure qui
s’agrandit », n’est pas soumission, mais sagesse
antique, une acceptation de l’ordre de l’univers qui se
nourrit de quelques certitudes : celle de l’éternel retour
« de la lumière violette de l’aurore », du
temps qui dispense son or, celle d’un lieu « où
confluent les bleus », où la communion, certes fragile,
est toujours possible."
François-Michel Durazzo