Pardonne-lui, Seigneur. C’était un possédé
qui ne te demandait pas de le guérir (ni lui ni ses parents)
parce que jamais il n’avait su que la
santé existait. Il était né à la vie,
entouré de morts et de bûchers...
Après avoir vécu, enfants, – et
subi dans leur chair et leur âme – la guerre civile
espagnole, voici les deux principaux protagonistes de ce roman, Manuel
Tur et Andreu Ramallo, enfermés dans l’espace clos
d’un sanatorium, sur l’île de Majorque, où ils
se retrouvent à nouveau confrontés à la
mort.
Traumatisés par la cruauté humaine,
tourmentés par leur sexualité, pris entre l’amour
et la haine, entre Dieu et le péché, ils feront le mal
jusqu’au meurtre, jusqu’au suicide.
La Mer,
roman réaliste et métaphysique à la fois, est
l’une des œuvres majeures de la littérature catalane
des Baléares.
Extraits d'articles de presse :
[…] Œuvre première, et où
déjà s’investit le triple génie de
poète, de romancier et de dramaturge de Blai Bonet. Œuvre
à la fois dépaysante, voire déconcertante, et
d’une surprenante immédiateté. Sans doute parce
qu’y résonne directement à notre oreille une langue
drue, simple, terrienne, une langue de la campagne majorquine. La belle
et forte traduction française sait nous en transmettre le rythme
et le parfum.
Anne-Marie Cazès
La Quinzaine Littéraire (16/30 juin 2002)
[…] La Mer
est un grand roman, terrible, noir, que certains passages vieillis ne
ternissent pas ; l'ouvre d'une conscience tourmentée et d'un
écrivain de grande classe dont la prose pénètre au
plus près de cette phrase que se répète,
halluciné, un des prtagonistes : "Le chemin est quelque chose
d'intérieur. Le chemin est quelque chose d'intérieur.
Pierre Hild
Le Matricule des Anges (n° 38)
[ …] La Mer
est un roman très dense, d'un lyrisme sombre et violent. Manuel
Tur et Andreu Ramallo, adolescents et adultes à la fois, pris
dans les tourments de la guerre civile, ont des idées de meurtre
et de suicide, sont cruels et habités par une étrange
mansuétude. Hésitant entre haine et amour, entre diable
et Dieu, ils sont de véritables possédés, au sens
dostoïevskien : déséquilibrés,
tourmentés, submergés par une vision religieuse et
prophétique de la vie. La Mer
est une profonde et radicale descente dans les bas-fonds de l'âme
humaine. Le drame évoqué par ce roman coupant comme un
rasoir dépasse de très loin le simple cadre de la guerre
civile vue d'un sanatorium majorquin.
La Mer est
bien un roman métaphysique, si l'on accepte que celle-ci,
comme le prétendait Rousseau, est un espace
ténébreux "où l'homme n'a d'autres guides que les
systèmes qu'il y porte."
Gérard de Cortanze
Le Figaro Littéraire (09/05/02)