Le Livre
« … Élisa, son
corps d’enfant devant le miroir […] Elle aimait
à se placer avec lui devant cette
fenêtre ouverte sur un monde apparemment semblable
à celui où leurs corps
s’étreignaient, lisses et chauds, fermes et
souples : côte à côte ou l’un
derrière l’autre, elle voyait ces deux corps nus,
son petit corps à elle au teint doré, ses longues
mèches noires qui lui caressaient les épaules et
les seins de part et d’autre – les seins, enfin, ce
qui en tenait lieu – et derrière, à
côté, au-dessus, son corps à lui qui
débordait, gauche et blafard, sa tête anguleuse,
aux plis creusés, ses cheveux courts pâlis par le
soleil… »
Élisa Lim, jeune Chinoise de Malaisie,
est venue interviewer Vincent Després, Français
d’un âge plus que certain qui étudie la
maison malaise traditionnelle. Bien qu’étudiante,
elle se présente comme journaliste, collaboratrice
épisodique d’un hebdomadaire culturel. Elle
écrit en malais des histoires étranges. Rien de
ce qu’elle dit n’est jamais ni tout à
fait vrai ni tout à fait faux. Mais tout
s’éclaire peu à peu, et ils finissent
par vivre et travailler ensemble. Restent cependant de larges zones
d’ombre…
Article de presse :
« Rencontrer son double c'est mourir ou savoir
que sa dernière heure est arrivée. »
Vincent Desprès, professeur
d'université, vit en Malaisie ; il consacre ses travaux
à
la maison malaise et s'intéresse à la
littérature
orale et populaire – notamment le pantoun, poème
malais.
Après des aventures amoureuses avec Bettina et Mei Li, il
rencontre Élisa (23 ans), étudiante et soi-disant
journaliste (cela se révélera faux), elle aime
les
poupées mais entretient cachotteries et mystères
; il
s'ensuit une liaison entre Vincent et Élisa, puis la
disparition
d'Élisa. Après avoir été
expulsé,
Vincent reviendra en Malaisie et découvrira
qu'Élisa
– soupçonnée par l'inspecteur Ismail
d'être
une communiste – était la fille de Mei Li. Ce
roman,
possédant de nombreuses ramifications avec la
poésie
– par la beauté des paysages, les rêves
et la
rêverie – mais aussi la peinture –
Vermeer, Gauguin
–, met en évidence la difficulté pour
deux
êtres de religions, de croyances et de cultures
différentes, de se comprendre ; il relate aussi les
problèmes qui se posent à l'individu qui ne
respecte ni
les croyances, ni la façon de vivre d'un pays
étranger.
Élisa ou la maison malaise ou l'effondrement des leurres...
Gérard Paris
Le Mensuel littéraire
et poétique, n° 354, novembre 2007
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