Le Livre
Né
et mort à Bordeaux, Antoine Verdié (1779-1820)
est plus connu comme « Meste Verdié »
dans sa ville natale : signe qu’il fut et qu’il
demeure encore aujourd’hui, pour ses compatriotes, un
personnage exceptionnel, à la fois symbole, miroir et bouc
émissaire. L’essai de Philippe Gardy
s’efforce de suivre, pas à pas, le destin de cet
étrange écrivain, depuis ses origines populaires,
à la veille de la Révolution,
jusqu’à sa fin tragique et mystérieuse,
cinq ans seulement après la publication de ses
premières œuvres. Car Antoine Verdié a
su mieux que personne prendre en compte, au cours de sa
brève existence littéraire, les formidables
bouleversements qui agitèrent la
société méridionale tout
entière entre XVIIIe et XIXe siècle :
à Bordeaux comme ailleurs, la langue et la culture
françaises font alors un progrès
décisif dans toutes les couches sociales, y compris chez les
plus humbles. Et Verdié, écartelé
entre trois langues – le gascon, le français et un
étonnant francitan qui fait le pont entre les deux
premières –, met en scène cette mue
longue et difficile dans une œuvre inclassable où
se mêlent le grotesque le plus outré et le
sérieux le plus compassé. Un
théâtre d’ombres, de caricatures et de
figures grimaçantes, où grouillent, sous le
regard ambigu de Carnaval, les masques de la mort et du rire.
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