Un homme apprend la surprenante Inscription à l’Inventaire des
Bâtiments de France des ruines de l’abbaye du village de son enfance.
L’édifice au toit effondré n’est autre que la « maison » où, enfant, il
a vécu. Il revient alors hanter les ruines du grand vaisseau soudain
promu au rang de Patrimoine et tente de retrouver dans ces décombres
les bribes de son passé. Recueillant de pauvres vestiges ensevelis sous
des épaisseurs de terre, le voilà engagé dans ce qu’il nomme « une
archéologie de soi-même ».
Jean le « dernier charron » habitait avec sa
famille dans l’immense nef du XIIe siècle qui résonnait des notes
claires de l’enclume et du bruit des machines. Le récit fait ressurgir
ce grand-père et ramène à la surface le film d’un autre temps. Des
personnages disparus ressurgissent et, avec eux, le temps de la
liberté, de la civilisation des cabanes, de l’enfance. Un maître
d’œuvre cistercien, Guillaume Balz, apparaît dans le récit, reliant les
bâtisseurs du Moyen Âge au labeur du dernier charron, dans ces murs où
jadis nonnes et religieux ont prononcé leurs vœux.
Dans l’église réduite à de hauts murs envahis
par le lierre, le narrateur médite sur ces mots de Mauriac : « Pourquoi
ne pas aimer notre enfance, pourquoi cette hargne contre ce qui nous a
enrichis… pourquoi ne pas s’en remettre à l’amour dont nous sommes
sortis ? »