Paul Gravillon, ascendance maternelle alsacienne (dans le
champ magnétique du grand centre humaniste de Sélestat) et d'ascendance
paternelle parmi les sapins des monts de Tarare (où l'on tissait pour
les soyeux de Lyon).
École, collège et début d'études littéraires avant le service
militaire- "maintien de l'ordre" - en Algérie (1958-1960) : c'est là
qu'est écrite la première nouvelle "L'Homme au cheval" (publiée dans
"Résonances" en 1961). Prix Résonances de la nouvelle en 1963 avec "La
Nuit quotidienne", nouvelle inspirée du journalisme qui, dès le retour
d'Algérie, absorbera ce Lugduno-lyonnais jusqu'à l'âge de la retraite
trente ans plus tard, en 1993.
Des études classiques l'ont tout naturellement tourné vers
les lettres et l'encre d'imprimerie. La poésie, de 15 à 20 ans, lui a
fait aimer Char, Prévert, Rimbaud, Verlaine, Lorca et Rilke. Elle a
refait surface vingt-cinq ans plus tard, d'abord dans un Journal intime
(commencé en 1958 en Algérie : sous le titre "La Tête habitable", il a
aujourd'hui près de cinq mille pages), puis sous forme de recueils
publiés de 1978 à 1992. Dans ces années-là un autre événement intime
s'est transformé en action plus visible : la rencontre posthume avec un
poète lyonnais fusillé par les nazis, René Leynaud.
Au journalisme, plus ou moins littéraire, il a épisodiquement adjoint,
au gré des circonstances, des chroniques radiophoniques, des lectures,
des rencontres d'écrivains et, pour la télévision régionale, des
portraits croisés. Ce sont, en fait, davantage les artistes que les
écrivains qui l'inspirent et la Bible (puits de symboles) avec, plus
globalement, le bassin méditerranéen (le Rhône, et ses Grecs, est son
cordon ombilical). Le Freud des rêves et des lapsus, de l'humour et de
la psychopathologie du quotidien, l'inspire également beaucoup et au
même titre.